«Avec le bio, on peut nourrir la population mondiale»

«Avec le bio, on peut nourrir la population mondiale»

Pour obtenir la même quantité d’aliments, le bio a besoin d’environ 40% de plus de terres que l’agriculture conventionnelle. Si la population mondiale se convertissait au tout bio, il faudrait jusqu’à 80% de terres supplémentaires. D’immenses surfaces forestières seraient sacrifiées au profit des terres arables.

mardi 23 février 2021

En bref

  • Si l’on voulait que le tout bio devienne la règle à l’échelle de la planète, les surfaces cultivées devraient augmenter massivement.
  • Ces surfaces supplémentaires seraient gagnées au détriment des marécages, des forêts et des milieux naturels. La biodiversité serait encore plus mise sous pression. L’accroissement des surfaces cultivées n’est pas envisageable non plus du point de vue climatique.
  • Investir de l’énergie, du travail et des matières premières pour des rendements maigres, voire nuls, c’est faire une utilisation peu efficiente des ressources. Les pertes de récolte se traduisent par une diminution des revenus agricoles, une hausse des prix à la consommation et des conséquences sur l’environnement et le climat.

En 2050, la Terre comptera près de 10 milliards d’habitants. Le passage à une alimentation 100% bio nécessiterait de mobiliser jusqu’à 81% de terres en plus, comme l’a calculé l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FiBL). Du fait d’une productivité moindre, les variations de rendement dans l’agriculture biologique se ressentent plus fortement. La stabilité des rendements de l’agriculture bio est plus faible, ce qui a des conséquences sur la sécurité alimentaire.

Fortes baisses des rendements

Si l’agriculture biologique a besoin de plus de terres, c’est parce que ses rendements sont plus bas. Greenpeace estime que les rendements de l’agriculture en Allemagne reculeraient en moyenne de 40% en cas de conversion au 100% bio. Pour le blé, qui représente la principale culture en Suisse, il faudrait s’attendre à une diminution des rendements de près de 60%. Sur mandat de l’association de branche Agrar, l’Université Humboldt de Berlin et agripol ont réalisé en 2013 une étude qui a montré que si l’Allemagne se convertissait au 100% bio dans l’agriculture, les récoltes de blé chuteraient de 12,1 millions de tonnes, soit la quantité nécessaire pour nourrir 184 millions d’êtres humains.

L'éclairage

Une production agroalimentaire durable intégrale et une alimentation saine sont des thèmes complexes qui doivent être contemplés sous différents angles. Les réalités qui dérangent n’ont toutefois souvent pas droit de cité dans le débat public. Nous révélons au grand jour ce que d’autres préfèrent garder dans l’ombre. Et mettons ainsi en lumière les conflits d’intérêt.

Articles similaires

Résidus, valeurs limites, confiance – regarder les faits derrière les gros titres
Savoir

Résidus, valeurs limites, confiance – regarder les faits derrière les gros titres

Dans cet entretien avec le toxicologue Lothar Aicher, il est question de la manière dont les résidus sont absorbés par l’organisme, de l’évaluation de leur dangerosité et du rôle que joue l’analytique moderne.

Danger n’est pas synonyme de risque : comment nous comprenons – et devrions comprendre – les valeurs limites
Savoir

Danger n’est pas synonyme de risque : comment nous comprenons – et devrions comprendre – les valeurs limites

Dans cet épisode du podcast, la chercheuse en risques Angela Bearth parle des résidus et des valeurs limites dans les denrées alimentaires – un sujet souvent débattu de manière émotionnelle.

PFAS, conflits d’objectifs et responsabilité – comment politique et agriculture trouvent des solutions
Savoir

PFAS, conflits d’objectifs et responsabilité – comment politique et agriculture trouvent des solutions

Dans cet épisode de la série commune d’Agrarpolitik – der Podcast et swiss-food.ch, la conseillère nationale Christine Badertscher explique comment les résidus et les valeurs limites sont débattus au Parlement.

Valeurs limites, autorisations, responsabilité – comment les produits phytosanitaires sont réellement évalués
Savoir

Valeurs limites, autorisations, responsabilité – comment les produits phytosanitaires sont réellement évalués

Les valeurs limites occupent souvent le premier plan dans le débat public – alors qu’en réalité, elles ne constituent qu’une petite partie d’un système d’évaluation des risques bien plus vaste. Le Dr Michael Beer, chef de la division Alimentation à l’Office fédéral de la sécurité alimentaire, apporte des éclaircissements.

Autres contributions dans Savoir