
Optimiser la nature
Aujourd'hui, des méthodes de génétique moléculaire permettent de cultiver des plantes utiles d'avenir, comme par exemple un riz multivitaminé. Les chercheurs demandent que le risque lié aux nouvelles variétés végétales soit évalué en fonction de leurs propriétés et non de la méthode de culture.
mardi 5 octobre 2021
L'essentiel en bref :
- Depuis toujours, les hommes ont croisé et cultivé des variétés de plantes particulièrement productives. Très peu de nos aliments sont apparus « naturellement ».
- En raison du changement climatique, les conditions de culture évoluent constamment. C'est pourquoi nous devons continuer à cultiver de nouvelles variétés de plantes robustes.
- De nouvelles technologies de sélection telles que l'édition génomique peuvent nous aider à suivre le rythme du changement climatique.

En matière d'alimentation, beaucoup de gens aspirent à une nature intacte. Ce qui est naturel est considéré comme bon et sain. Le marketing écologique entretient l'image d'une agriculture idéalisée qui produit des aliments naturels avec des méthodes proches de la nature. Les outils tels que le génie génétique sont en revanche mal vus. Ils sont considérés comme des interventions artificielles dans la nature. Mais cette vision idéalisée de la nature est trompeuse. Peu de ce que nous mangeons aujourd'hui est d'origine naturelle. «Depuis 12 000 ans, les hommes sélectionnent les plantes en fonction de leurs caractéristiques afin de les rendre comestibles et plus productives», explique Bruno Studer, professeur de sélection végétale moléculaire à l'ETH Zurich. L'agriculture est née de la sélection artificielle.
Des plantes cultivées adaptées
Aujourd'hui, l'agriculture est soumise à une pression pour produire de manière plus écologique. Elle doit avant tout réduire l'utilisation de produits phytosanitaires. De plus, elle doit fournir des rendements stables et de haute qualité dans un climat de plus en plus chaud et sec. Pour cela, il faut des variétés résistantes aux maladies et au climat.
«Nous devons rendre nos plantes cultivées génétiquement aptes à répondre aux exigences de demain», déclare Bruno Studer. Cependant, la sélection classique par croisement prend souvent beaucoup de temps. Avec son équipe, Studer développe des méthodes de génétique moléculaire pour rendre le processus de sélection plus efficace. Les marqueurs génétiques, qui permettent d'identifier rapidement les plantes présentant les caractéristiques souhaitées, en sont un exemple. Le groupe travaille en étroite collaboration avec la station de recherche Agroscope et bénéficie du soutien de la coopérative agricole Fenaco.
Sélection végétale précise
Avec les nouvelles techniques de génie génétique basées sur les ciseaux génétiques Crispr/Cas, la science dispose depuis près de dix ans d'un puissant outil de sélection. L'édition génomique est beaucoup plus précise que le génie génétique des années 2000, qui consistait à introduire de l'ADN étranger dans l'ADN des plantes sans aucun contrôle. La loi suisse sur le génie génétique définit comme génétiquement modifiés les organismes dont le patrimoine génétique a été modifié d'une manière qui ne se produit pas dans des conditions naturelles par croisement ou recombinaison. La culture de telles plantes est interdite depuis 2005 par un moratoire. L'édition génomique, en revanche, permet de modifier le patrimoine génétique de manière ciblée. Elle peut insérer, réécrire ou désactiver des gènes individuels. Par exemple, si l'on intègre un gène de résistance d'une espèce sauvage apparentée ou si l'on désactive un gène qui supprime la défense contre les parasites, il est possible de produire des plantes résistantes de manière très efficace sans utiliser de matériel génétique étranger à l'espèce.
La question cruciale
Étant donné qu'une modification ciblée du génome à l'aide de ciseaux génétiques ne peut souvent plus être distinguée des mutations naturelles ou produites de manière conventionnelle, la question se pose de savoir si les plantes génétiquement modifiées doivent être considérées comme des organismes génétiquement modifiés. «En Suisse et en Europe, c'est actuellement le cas : les plantes génétiquement modifiées sont interdites à la culture. Cependant, si la même mutation se produit naturellement ou résulte d'une sélection conventionnelle, la même variété n'est pas soumise à une réglementation stricte », explique M. Studer. Paradoxalement, cela s'applique également lorsque le patrimoine génétique est traité chimiquement ou irradié. «Du point de vue de la recherche en sélection végétale, cela n'a pas de sens : une plante n'est pas plus «artificielle» ou «dangereuse» parce qu'elle a été créée par génie génétique», explique M. Studer. Il serait plus judicieux d'évaluer le risque des nouvelles variétés de plantes en fonction de leurs propriétés plutôt qu'en fonction de la méthode utilisée.
Le riz multifonctionnel
Navreet Bhullar, maître de conférences à l'Institut de biologie moléculaire des plantes, partage cet avis. Navreet Bhullar améliore les plantes alimentaires en ce qui concerne leur teneur en micronutriments. Plus de deux milliards de personnes dans le monde souffrent de carences en minéraux et en vitamines, car le riz, leur aliment de base, ne contient presque pas d'oligo-éléments essentiels tels que le fer dans le grain poli. L'équipe de Mme Bhullar a développé des variétés de riz transgénique dont les grains sont enrichis en fer et en zinc, mais aussi en bêta-carotène, précurseur de la vitamine A. Avec son riz multivitaminé, le groupe de recherche est leader dans son domaine. «Nous l'avons développé avec des techniques de génie génétique classiques, car cela n'est pas possible avec la sélection conventionnelle», explique la biotechnologiste. Mme Bhullar n'a pas encore travaillé avec Crispr/Cas. Cependant, elle voit un grand potentiel dans la combinaison de caractéristiques telles que la tolérance à la sécheresse, la résistance aux parasites et les micronutriments pour une agriculture durable qui peut également résoudre les problèmes alimentaires mondiaux.
Le moratoire sur le génie génétique expire à la fin de l'année. Le Conseil fédéral veut le prolonger de quatre ans et soumettre l'édition génomique à l'interdiction stricte de culture. Jusqu'à présent, les risques biologiques attribués à l'ancien génie génétique ne se sont pas vérifiés, affirment Bhullar et Studer. Tous deux sont d'accord : « La Suisse ne devrait pas se fermer aux nouvelles méthodes de sélection. »
Bruno Studer est professeur de sélection végétale moléculaire et mène des recherches sur les méthodes de biologie moléculaire afin de rendre le processus de sélection plus efficace.
Navreet Bhullar est maître de conférences à l'Institut de biologie moléculaire des plantes et développe de nouvelles variétés de riz et de blé enrichies en micronutriments tels que le fer et le zinc.
Sources
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