
«Surmonter le fossé ville-campagne avec une politique agricole constructive»
Jürg Vollmer est rédacteur en chef du magazine «die grüne». Il plaide pour l'autorisation de méthodes de sélection telles que l'édition du génome. Cela permet de combiner judicieusement les avantages des plantes sauvages et cultivées.
lundi 31 août 2020
Oui, effectivement, il existe en Suisse un fossé ville-campagne: trois quarts des Suisses vivent dans les villes-centres et leurs 49 agglomérations. Ils ont en grande partie perdu le contact avec la population de la campagne, et plus encore, avec l’agriculture.
Mais, non, que des politiciens creusent ce fossé en portant des chemises edelweiss n’aide pas les agriculteurs. Et que des organisations de protection de l’environnement l’entretiennent pour acquérir des dons ne les aide pas du tout.
On ne comblera pas le fossé ville-campagne avec de belles paroles politiciennes ou les errements indifférenciés des associations environnementales. Il appartient aux acteurs agricoles de combler ce fossé, en informant honnêtement la politique, les médias et la société.
Adieu la poule joyeuse qui pond ses œufs en plein milieu du magasin Migros. Adieu le mignon petit cochon qui mange des pommes pour Coop Naturaplan. À propos, chère Coop, saviez-vous que le mignon petit cochon qui tient la vedette de votre spot TV est une truie sauvage? Ce qui, compte tenu de la menace de la peste porcine africaine, est une vraie cochonnerie dans une ferme suisse?
Adieu les mises en scène du monde agricole à la Walt Disney, bienvenue à la réalité des étables et des champs de Suisse. Nous voulons plus de boue!
Ce travail ne s’est pas fait. Une campagne comme «La différence est là» de Proviande montre le chemin qu’il faut prendre. Mais il existe encore un gros potentiel. Auprès de l’Union suisse des paysans (USS), des interprofessions, de Bio Suisse et d’IP-Suisse et, surtout, des grands distributeurs Migros et Coop.
Quant aux campagnes prétendument branchées, voir «J’achète des patates» de Swisspatat ou la campagne du sac sur la tête contre le tourisme d’achat de l’Union suisse des arts et métiers, Swiss Retail Federation et Agro-Marketing Suisse, n’en parlons pas.
Répétons-le: pour préparer l’avenir, nous avons d’informations honnêtes pour la politique, les médias et la société. Mais aussi d’une politique agricole honnête qui accorde de manière cohérente l’agriculture, l’environnement, l’aménagement du territoire, la santé, l’économie et la société.
C’est pourquoi «die grüne» a formulé «10 propositions pour une politique agricole constructive» après le net rejet des initiatives eau potable et pesticides le 13 juin 2021.
Sans surprise, dix acteurs de premier plan de la politique agricole suisse ont réagi diversement en mettant sur la table, à côté des louanges et des critiques, des ajouts aux «10 propositions pour une politique agricole constructive». Voilà une base solide pour une discussion approfondie.
Cette discussion, nous voulons la mener. Dans le cahier imprimé et, bien sûr, comme ici, sur notre site ou sur Facebook. Chaque mois, nous aborderons un thème, irons au fond des choses et chercherons des solutions.
Recherche, bureaucratie, pratiques agricoles, consommation: mois après mois, nous travaillerons point par point. À la fin de 2022, nous examinerons quelles propositions auront déjà été réalisées ou celles qui le seront bientôt.
Jürg Vollmer est rédacteur en chef du mensuel «die grüne». L’article est paru à l’origine dans «die grüne» du 25 août 2021.
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